Recevoir et apprendre à ne pas repousser ce qui vient vers soi.

Recevoir

On a appris à donner très tôt, parfois dès l'enfance.

Nous apprenons à faire plaisir, à être sage, à ne pas prendre trop de place, a remercier sans en demander plus.

Se faire passer après pour être apprécié(e) peu importe le prix.

A donner de soi sans même savoir si on en a envie.

"Sois gentil(le), aide ton frère, ne fais pas trop de bruit, dis merci, ne sois pas égoîste..."

A force de passer après, on oublie que nous avons une place, on se tait pour ne pas déranger jusqu'à ne plus s'entendre soi-même.

Nous apprenons par réflexe et certains deviennent très bon(ne) à cela.

Nous avons fait du don une posture.

Mais recevoir... ça on ne nous l'a pas appris ou si peu.

Recevoir était mal vu, mal vécu, limite suspect.

"Tu veux quoi en échange?"

"Tu te prends pour qui?"

"Tu crois que tu le mérite?"

Donner son temps, son attention, son calme, son savoir.

Tenir la main.

Tenir la barre.

Tenir le cadre.

Et donner, on sait faire.

On donne au travail.

On donne dans nos liens.

On donne parce qu’on sent les choses.

On donne parce qu’on sait que l’autre en a besoin souvent avant qu’il ne le dise.

Et parfois même, on donne avant qu’on nous le demande.

Avant de penser à se demander , ce dont on aurait besoin.

Petit à petit on s'habitue à ne pas laisser entrer, même. quand ça vient du coeur et que ça fait du bien.

Mais recevoir…

Recevoir, c’est autre chose.

Recevoir, c’est quand quelqu’un vous dit sincèrement :

« Merci, ce que tu m’as apporté a tout changé. »

Et qu’au lieu de dire

« Oh, c’est normal, c’est mon métier, c’est rien… »,

on se tait un instant puis on dit simplement :

« Merci de me le dire. »

Recevoir, c’est quand quelqu’un te regarde avec admiration, pas pour ton apparence, mais pour ta présence et que tu ne réponds pas par une pirouette, ou un rire gêné.

Recevoir, c’est lorsque ton enfant te dit :

« T’es la, meilleure maman ou tu es le meilleur papa du monde. »

Et que tu ne réponds pas :

« Tu dis ça parce que t’as besoin de moi. »

Non.

Tu le regardes, tu acceuilles et surtout tu le crois.

Même un peu.

Recevoir, c’est difficile, pourquoi ? parce que ça oblige à être touché(e), à être vu(e) et rejoint(e).

Et pour beaucoup d’entre nous, ça a longtemps été associé au danger, au devoir de rendre ou à l’impression de ne pas mériter.

Ce dernier malheureusement est très courant.

Alors on fait cette chose étrange :

On repousse ce qu’on attendait, on minimise ce qu’on désirait.

On détourne ce qu’on appelait de tout notre être.

Et on reste là, à donner, encore.

Mais à force, on se vide, on fatigue, on s’use.

Pas parce qu’on donne trop, mais parce qu’on ne laisse rien entrer.

Puis un beau jour, quelqu’un insiste.

Quelqu’un dit :« Merci. Tu m’as permis de me retrouver. »

Quelqu’un écrit :« Ce que tu fais, ce que tu es, c’est magnifique. »

Quelqu’un regarde, vraiment et tu te rends compte que tu es en train de vivre ce que tu croyais réservé aux autres.

Et là, tu as deux choix:

Soit tu continues comme avant.

Soit tu apprends à recevoir.

Recevoir, ce n’est pas être au-dessus.

Ce n’est pas se vanter.

Ce n’est pas s’asseoir sur un trône invisible.

C’est juste dire oui à ce qui nous revient.

Sans cette cumpabilité qui nous pousse à vouloir rendre à tout prix.

Et surtout ne pas s’excuser d’exister.

Recevoir, c’est reconnaître que ce qu’on est provoque quelque chose.

Et que ce quelque chose, nous pouvons le laisser vivre sans se cacher, sans s’excuser.

Sans dire “c’est pas grand-chose”.

Apprendre à recevoir,c’est parfois ce qu’on apprend le plus tardivement.

Mais lorsqu'on s'y autorise enfin, c'est là que quelque chose d'essentiel s'aligne en nous.

"Apprendre à recevoir, c'est laisser entrer la lumière sans fermer les yeux." NKL

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