Quand nos attentes pèsent plus lourd que la réalité
- nicolehaykel
- 10 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 nov.

Il y a des jours où l’on repart d’une scène ou d’une rencontre, d’un rendez-vous avec un goût amer.
Non pas que les choses se soient mal passées, c’est juste que ce n’était pas ce qu’on avait imaginé.
Pas aussi intense, pas aussi vibrant donc moins évident, moins fluide, moins beau;
Sans vraiment réaliser, le poids de nos attentes devient plus lourd que la réalité elle-même.
Je crois que dans la musique, comme dans les relations humaines, on se fait souvent des films dans notre tête.
Nous rêvons de moments parfaits, de connexions sublimes, uniques, de gestes ou de réponses qui viendraient valider ce qu’on espère secrètement.
Projections+idéalisations = Attentes.
Et plus on attend, plus la réalité aussi belle soit-elle, peut nous sembler mièvre, insuffisante.
Mais au final est-ce la faute de l’autre, de la scène, du moment ?
Ou est-ce simplement que la scène n’a pas rejoué le scénario qu’on avait écrit dans notre cœur sans même s’en rendre compte ?
Apprendre à voir ce qui est... au lieu de ce qu’on avait projeté.
Les artistes, les enseignants, les amoureux, les collègues, les amis : nous sommes tous vulnérables à cela.
On pense qu’on donne beaucoup, alors on attend beaucoup.
Mais hélas, ce n’est pas toujours comme ça que la vie fonctionne.
L’autre peut être présent différemment.
Un moment peut être juste ce qu’il est, dans touts sa simplicité.
Une relation peut être précieuse sans être idéale.
L’amour vrai de la musique, des gens, de la vie ne s’attache pas à ce qu’on voudrait.
Il nous apprend souvent à coup de maux à accueillir ce qui est;
Ce n’est pas toujours spectaculaire, mais c’est vivant, sincère.
Un moment suspendu qui est là.
Dans mon parcours de chanteuse, de coach, de pédagogue, j’ai vu ça tant de fois : des artistes qui s’épuisent parce qu’ils veulent que chaque note soit parfaite.
Des humains qui se retirent parce qu’un ami, un collègue, un partenaire n’a pas “répondu comme ils attendaient”.
Des talents qui se meurent , non pas faute de passion et d’investissement mais faute de tolérance envers l’imperfection.
Ce n'est pas parce que l'on pense "connaître" l'autre que nous détenons sa vérité.
Attendre qu'il se comporte comme on l'aurait fait soi-même, c'est oublier que la liberté de l'autre n'est au final jamais un dû.
C'est cela aussi la tolérance, laisser l'autre être, sans le contraindre à correspondre à nos attentes.
Créer sans condition, partager sans garantie, aimer avec un minimum d'attentes (parce que nous en avons toujours, affirmer ou vouloir le contraire serait une défense illusoire).
Et si on apprenait à laisser l’autre être simplement lui-même ?
Ceci n’empeche nullement la progression, l’assiduité et l’envie de se dépasser.
Quelque chose à se dire à ce moment là : “Ce n’est pas ce que j’avais imaginé, mais c’est toi.
Et je t’accueille tel que tu es.”
Je reste intimement convaincue que seuls ceux qui partagent dans l’amour, sans trop d’attentes, traversent vraiment les années ensemble.
Et si c’était là, la vraie liberté ?
Aimer la musique pour ce qu’elle fait naître en nous, même quand ce n’est pas parfait.
Aimer les gens sans les enfermer dans nos projections.
On projette, on devine, on déduit et trop souvent on enferme l'autre dans une image qu'il n'a pas choisie.Aimer c'est renoncer aussi à ces prisons là.
Se libérer de nos films mentaux pour vraiment vivre la scène, l’instant, le lien.
Ce n’est pas toujours facile, mais je pense que c’est là que commence la beauté : La vraie.
Ce n’est pas la magie qui crée le lien: C’est la fidélité, même quand il n’y a pas de magie.
"Il n'y a pas d'harmonie sans liberté.
Ni en musique, ni entre les êtres". NKL
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